Aujourd’hui j’ai envie de te parler d’une expression qu’on utilise avec mon mari quand on parle (entre nous) de notre éducation. On se rappelle parfois mutuellement qu’on a fait le choix de ne pas élever des moutons. Tu te demandes peut-être ce que j’entends par là!
Étudiante, j’étais passionnée par l’Histoire et plus particulièrement l’histoire de la Shoah (camps de concentration, extermination des Juifs par les nazis). J’ai fait mon exposé d’histoire en 9e année sur les camps de concentration, mon travail de maturité au gymase sur le thème “Shoah: la population était-elle au courant?” et mon travail de bachelor à l’Université sur le thème “Shoah: la psychologie des bourreaux”. Autant dire que j’étais entre la passion et la fixette 😉
Pourquoi je te raconte tout ça? Parce que j’ai étudié de manière très approfondie ce qui avait permis à toute une population (ou la majorité d’une population) de se faire embrigader pour commettre des meurtres de masse. Et ma conclusion d’une année de recherche, c’est que dans la même situation, on aurait fait exactement la même chose. Pourquoi? En résumé, parce que l’être humain se soumet à l’autorité. A cette époque, se soumettre à l’autorité, obéir était transmis au travers de l’éducation, de l’Église, de l’école et de l’État.
J’ai fait le lien très dernièrement entre ma passion passée pour l’histoire et mes choix éducatifs mais c’est certain que ces recherches ont impacté ma manière d’accompagner mes enfants!
Pour moi, il est primordial que mes enfants comprennent ce qu’ils font et ne le fassent pas par peur ou “parce que maman a dit”!
Avant d’être maman, c’était les enfants obéissants qui m’impressionnaient et j’admirais clairement les parents qui arrivaient à faire ça. Ils m’inspiraient et je m’imaginais exactement comme eux. Puis j’ai eu des enfants…
J’ai vite compris lorsque ma fille a commencé à se déplacer que j’allais passer mon temps à dire NON si je n’adaptais pas l’espace et refusait de la laisser explorer.
Puis lorsqu’elle a grandi, j’ai compris qu’un enfant de 2 ans n’obéit pas! Tu peux essayer de manière “positive” de manière plus “punitive” ça ne fonctionne pas! Maintenant, je sais que c’est parce que son cerveau n’est pas assez mature! A l’époque, je ne le savais pas mais je l’ai observé de manière très concrète! J’ai donc choisi de réduire les règles au maximum. Cela ne veut pas dire de ne pas éduquer son enfant mais de se poser ces 3 questions:
1. est-ce que c’est vraiment utile?
2. est-ce que je reproduis quelque chose que j’ai vu ou vécu?
3. est-ce que j’impose cela par peur du regard des autres?
Avec ces 3 questions, j’ai appris à créer ma propre parentalité qui correspond à mes valeurs et à mes croyances.
Aujourd’hui que mes enfants ont 5 et 7 ans, j’ai envie de te dire que oui ma parentalité serait sûrement plus simple si elles obéissaient sans poser de questions! Oui parfois, j’ai l’impression de perdre mon temps en négociation. Mais grâce à cela, elles apprennent les valeurs de liberté, de libre-arbitre, de sens. Et elles ont déjà la capacité à leur âge d’argumenter, d’identifier l’incohérence et l’injustice, de faire des choix pour elles-mêmes et d’en assumer les conséquences. Toutes des compétences et des valeurs que j’ai envie de leur transmettre en tant que maman.
Quand je pense à leur avenir, j’ai vraiment envie qu’elles sachent faire des choix éclairés, propres à leurs valeurs et qu’elles puissent prendre du recul sur ce qu’on leur demande de faire! J’ai envie que mes filles soit des résistantes plutôt que des bourreaux, qu’elles n’aient pas peur de sortir de la norme, de défendre leur opinion et d’aller à l’encontre du courant dominant!
Alors pourquoi cette expression: “on n’a pas choisi d’élever des moutons“?
Parce que j’ai aussi fait un exposé sur les moutons dans mes jeunes années et les moutons suivent bêtement le troupeau sans se poser de questions. Au point, que si le plus ancien se jettent en bas d’une falaise, tout le troupeau suit!