“Une certaine dose de frustration est structurante pour l’identité. (…) ce ne sont ni les frustrations en elles-mêmes, ni la blessure, qui causent des dégâts profonds dans l’identité de l’enfant, mais l’impossibilité de se réparer, l’interdit d’exprimer les émotions.” Isabelle Filliozat
Comment? C’est bien de frustrer nos enfants? On ne doit pas les laisser faire leurs choix? Vivre leur vie, expérimenter?
Je ne sais pas vous, mais si ma fille me réclame 10 bonbons ou 3 glaces, je vais refuser. Je ne vais pas lui laisser expérimenter l’excès de sucre. Pourquoi? Parce qu’après je vais subir son comportement et je n’ai pas envie de m’imposer cela. Je n’ai pas envie non plus de lui imposer les réactions chimiques qui vont être activées dans son cerveau. C’est mon choix de maman, je ne dis pas qu’il est juste mais c’est mon choix pour l’éducation de mes enfants.
Comment va réagir ma fille? Elle va se sentir frustrée et lorsqu’il s’agit de sucre, elle va l’exprimer de manière très expansive! Elle va crier, parfois elle va faire preuve de violence verbale! Alors bien sûr que je ne peux pas accepter la violence et que je vais lui dire que “non, je ne suis pas d’accord avec son comportement” mais par contre, je vais comprendre qu’elle se sente frustrée et que cela la fasse réagir fortement. Je vais lui proposer plusieurs stratégies pour exprimer cette frustration: crier, danser, faire un câlin, respirer, … Je vais me rappeler que moi aussi enfant je rêvais de manger plein de bonbons.
Si dès que notre enfant exprime son désaccord, on l’envoie dans sa chambre, on le punit, on crie aussi. Qu’est-ce qu’il va comprendre? Qu’il n’a pas le droit de dire qu’il est déçu, frustré, en colère, … Cela ne veut pas dire qu’on doit tout accepté, cela ne veut pas dire qu’on doit tolérer des comportements qu’on considère comme inadéquats, cela veut juste dire qu’on doit laisser un espace où notre enfant peut exprimer ses émotions dans un cadre sécurisé et bienveillant et cela même si cela vient nous toucher!
Je sais que c’est difficile. Lorsque je suis ressourcée, j’arrive très bien à le faire. Par contre, quand je suis tendue, stressée, pressée, je vais avoir tendance à monter en symétrie. Je n’ai pas la ressource nécessaire pour faire face. J’oublie les accords toltèques et je prends tout personnellement. Ma part enfant se réveille et crie! Cela m’est encore arrivé cette semaine! J’ai crié pour me faire entendre.
Que faire alors quand on n’a pas laissé cet espace pour exprimer les émotions? Comment réparer ce comportement qu’on a eu et qui nous a déçu? Personnellement, j’aime bien revenir sur l’événement plus tard lorsque chacun s’est calmé.
1. Je vais m’excuser pour mon comportement si j’estime qu’il était inadéquat et également essayer d’expliquer à ma fille pourquoi j’ai réagi de la sorte. Je vais essayer d’être authentique et faire part de ma vulnérabilité, car ce sont vraiment des valeurs que j’ai envie de transmettre dans mon éducation.
2. Je vais calmement lui poser mes limites également et lui dire que le ton qu’elle a utilisé ou les mots qu’elle a utilisé, je ne peux pas les accepter.
3. Je vais discuter avec elle de comment c’était pour elle, de l’émotion qu’elle a ressenti. Souvent les enfants n’arrivent pas bien à mettre des mots donc je vais lui faire plusieurs suggestions et voir si elle arrive à s’y identifier. Je vais également creuser les événements qui se sont passés durant la journée pour voir si le déclencheur était un prétexte pour faire sortir autre chose qu’elle n’avait pas pu exprimer.
4. Enfin, je vais lui demander si elle veut qu’on mette en place, une stratégie qui pourrait l’aider dans ces situations, de quoi elle a besoin pour que cela se passe différemment. Est-ce qu’elle a besoin de mon aide? Est-ce qu’elle veut qu’on se fasse un code? …
Et vous? Comment faites-vous pour que votre enfant puisse exprimer ses émotions? Arrivez-vous à lui laisser cet espace?